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Like a House on Fire, Diptych, oil on canvas80x120x5cm diptych.
“I first painted a replica of two details from the Annunciation touched by the twenty-years old Leonardo da Vinci, when he was part of Verrocchio’s studio – the Angel Gabriel on the left panel and Virgin Mary on the right…” SK
- Like a House on Fire, Diptych, Oil on Canvas 80x120x5cm
- Detail left panel, Oil on Canvas
- Detail right panel, Oil on Canvas
- Detail left panel, Oil on Canvas
- “X Ray” print 80x12Ocm
- Annunciation, (sketch after Leonardo & Verrocchio) 15x20cm
- Plexiglass model with pigment prints by Atelier Arcay, 2021, 30x40x40cm
- Plexiglass model with pigment prints by Atelier Arcay, 2021, 30x40x40cm
- Plexiglass model with pigment prints by Atelier Arcay, 2021, 30x40x40cm
- Plexiglass model with pigment prints by Atelier Arcay, 2021,30x40x40cm
Effacement d’un mythe
Extraits du texte écrit par Juliette Stella, 01.2018
…On pourrait à première vue décrire ce tableau comme une composition abstraite régie par de fortes lignes structurantes et dont toute la dimension figurative ou narrative, si elle existe, serait contenue dans les limites d’un titre ambigu : “like a house on fire”, comme une maison en feu, mais aussi, selon le sens de l’expression anglaise “to get on like a house on fire”, s’entendre à merveille…
Quelque chose pourtant paraît alors irrésolu : qui donc, dans cet espace vidé de figures, peut bien “s’entendre à merveille” ? Quel peut être le sens d’un tel jeu de mot dans cette composition abstraite ? La flamme, certes, semble bien évoquée par le rouge vif qui domine les deux panneaux mais où y aurait-il une place, entre ces lignes droites, pour une telle entente ?
C’est que ce tableau porte un secret : il est habité. Au-delà des lignes, au-delà des couleurs, il recèle une présence muette et pourtant fondatrice : il y a un tableau dans le tableau. Il y a un tableau sous le tableau. […]
Tout le diptyque, en effet, s’échafaude sur la reprise de deux détails de ce grand tableau réalisé par Léonard de Vinci dans l’atelier de Verrocchio alors qu’il avait une vingtaine d’années. Une couche de peinture après l’autre, la toile s’abstrait peu à peu d’une représentation figurative qui constitue pourtant son fondement même, non seulement théorique mais physique : sous les couches de peinture à l’huile, les visages de Marie et Gabriel.
Comme en témoignent l’esquisse préparatoire et les phases intermédiaires dans la simulation rayons X du diptyque, les contours des deux figures y sont reproduits, et leurs rapports sont complexifiés : séparés, ils sont du même coup rapprochés par le recadrage opéré par Stefania Kenley, qui réduit la distance qui sépare les deux personnages dans le tableau original pour la condenser dans un seul interstice. Dans l’œuvre qui résulte de ce long travail de surimpression, on devine comme en palimpseste les traits d’origine : à gauche, un drapé rouge évoque le vêtement de l’Ange ; à droite, l’incandescence de la partie haute du tableau suggère le visage de Marie. Ce jeu de caché-montré crée la sensation mystérieuse d’une présence invisible, insaisissable, sous la peinture.
Ce procédé de création relève à la fois d’une relecture et d’une réécriture de l’œuvre originelle. Relecture, d’abord, car le diptyque de Stefania Kenley révèle paradoxalement en les masquant certains ressorts de l’œuvre de Léonard. On retrouve dans les lignes de force principales la composition de L’Annonciation, où la rencontre entre Marie, surprise en train de lire la Bible, et Gabriel, agenouillé avec respect, a lieu à la frontière entre la maison et le jardin, entre l’architecture et la nature […]